원용철
이상만
양필승
조천래

원용철

Ce texte est un placeholder pour le récit de notre rencontre avec le "Master". C'est ici que nous pourrons raconter, avec nos mots et nos émotions, les moments partagés et les histoires qu'il nous a confiées.

이상만

Ce texte est un placeholder pour le récit de notre rencontre avec Lee Sangman. C'est ici que nous pourrons raconter, avec nos mots et nos émotions, les moments partagés, les histoires qu'il nous a confiées, et l'impact que cette rencontre a eu sur nous. Ce format nous permet de dépasser le simple factuel pour partager une expérience humaine.

양필승

Le pont entre la "petite histoire" de ce chef et la "grande Histoire" de la Corée du Sud.

Le témoignage de M. Yang est très touchant mais nécessite une mise en perspective : comment un ancien chef restaurateur à succès en est-il arrivé à récupérer des cartons ? Son discours, très précieux, trace d’un temps révolu, met en avant le lien entre un destin individuel et les grands bouleversements historiques liés à la figure à double visage qu’est Park Chung-hee.

Dans les années 1960, le pays sort d’un conflit dévastateur, celui de la Guerre de Corée (1950 - 1953). La Corée du Sud est ravagée, le pays atteint un seuil de pauvreté extrême, faisant ainsi partie des pays les plus pauvres du monde. Son économie est au plus bas et le pays arrive à survivre grâce à l’aide américaine.

C’est dans cette période de dépendance économique et de chaos que le Général Park Chung Hee (1917-1979) décide de faire un coup d’État le 16 mai 1961, renversant le gouvernement démocratique, selon lui trop peu stable. Sa priorité absolue est de sortir la Corée de la misère et de construire une nation forte, capable de se défendre face à la Corée du Nord. Il met alors en place un régime autoritaire et répressif de 1961 à 1979, avec la KCIA, l’agence de renseignement qui traque et torture tout opposant politique du régime. Son gouvernement est donc une dictature.

Bien que sa figure semble être un danger pour la Corée, le Général Park met en place une stratégie qui va résulter à un succès économique, permettant à la Corée du Sud de se rebâtir et de se glisser dans les pays les plus avancés technologiquement : on parle du “Miracle sur le fleuve Han”.

Il sélectionne une poignée d’entreprises familiales coréennes prometteuses et investit toute la puissance de l’État : l’économie est donc dirigée et planifiée par l’État, par l’intermédiaire de ces conglomérats, les chaebols. En retour, l’État attend des chaebols, des objectifs d’exportations fixés, résultant à la réussite économique de la Corée du Sud dans le marché mondial.

Cette stratégie provoque une croissance économique explosive : l’économie du pays accroît à près de 10% chaque année pendant presque deux décennies. On observe alors des millions de Coréens quitter la campagne, rejoignant les nouvelles usines en ville.

Les salaires augmentent, et c’est pour la première fois qu’émerge une classe moyenne urbaine avec un pouvoir d’achat.

C’est à cette période là que M. Yang a prospéré. Il n’est pas un cas isolé, son succès est un résultat direct de la politique économique de Park : cette nouvelle classe moyenne, ces cadres et ouvriers qui gagnent de l'argent, veulent le dépenser. Les restaurants, les bars, les magasins se multiplient. La prospérité des grands groupes "ruisselle" sur les petits entrepreneurs qui les servent.

Mais ce rêve de prospérité vole en éclats lorsque, le 26 octobre 1979, l’assassinat de Park Chung-hee est orchestré, par sa propre agence de renseignement lors d’un dîner privé. Cet assassinat plonge le pays dans le chaos. Lorsqu’un système comme celui de Park est construit autour de sa personne, la chute du leader mène sans exception à une crise politique et économique sans précédent : le pays est sans tête et sans ordre.

Pour quelqu'un comme ce chef restaurateur, dont toute la réussite était bâtie sur la stabilité et la croissance garantie par Park, sa disparition brutale fut un séisme. La peur paralyse la consommation : dans une période sombre où manifestations, massacres et coups d'État sont de mise, les gens restent chez eux, ne dépensant pour plus rien d’autre que leur survie.

Les paroles de M. Yang ne sont pas des souvenirs nostalgiques d’un dictateur : il s’agit d’un profond regret d’une période de stabilité et d’opportunité qui lui a permis de se construire. Pour lui, Park Chung-hee n'était pas l'oppresseur mais le garant d'un ordre qui lui a permis de s'élever socialement.

Sa mort n'a pas seulement décapité le gouvernement, elle a brisé la machine économique qui nourrissait son restaurant et sa famille. Il a vécu la transition de la dictature à la démocratie, non pas comme une libération, mais comme un plongeon dans le chaos et la précarité.

Son histoire personnelle est le miroir de l'histoire économique et politique mouvementée de la Corée du Sud.

조천래

Aujourd'hui encore, à plus de 80 ans, Grand-mère JO Cheon-rae ne cesse de travailler dur, poussant une lourde brouette, avec la douleur et le poids de la vie sur ses épaules.

Malgré ça, je suis rassuré de voir la considération, l’empathie et le respect de nombreux passants dans la rue lorsqu’elle s’abaisse pour ramasser les cartons.

Le patron lui a distribué des boîtes et du pain, et de nombreux vendeurs du marché lui ont donné des gants et partagé des paroles chaleureuses et réconfortantes lorsque je l'ai aidée ces derniers jours.

Cependant, je me sens profondément triste sachant que le travail ne vaille rien, sans parler du dur labeur et des douleurs. La vie n'est vraiment pas juste, comme toujours.

Grand-mère m'a confié qu'elle était très heureuse que je l'accompagnais et qu’elle et beaucoup de gens me considéraient comme son petit-fils, mais qu'elle était triste de ne pas pouvoir m'acheter de la nourriture. Ses mots et sa générosité m’ont réellement touchés.

Sa chaleur et son sourire me suffisaient et m’emplissaient de paix, mais j'aurais tant aimé qu'elle puisse avoir assez d'argent pour aller prendre soin d’elle et manger sans se soucier de quoique ce soit.